samedi 26 février 2011

ROCK'N'ROLL OVERDOSE (HATED GG. ALLIN AND THE MURDER JUNKIES)

de Todd Phillips. 1994. U.S.A. 52 minutes. Avec GG Allin, Merle Allin, Shireen Kadivar





Avertissement: ce documentaire est à réserver à un public adulte et averti, certaines séquences incongrues, hardcores et déviantes portant gravement atteintes à la dignité humaine.

In memoriam : GG Allin (Kevin Michael Allin, né Jésus Christ Allin) : 29 août 1956 – 28 juin 1993.




GG ALLIN est un artiste qui a un message à adresser à une société malade. Il nous renvoie l'image de ce que nous sommes vraiment. L'homme n'est qu'un animal capable de parler librement. Ne vous méprenez pas, derrière tout ça, il y a l'empreinte d'un cerveau.
John Wayne Gacy, couloir de la mort.

VIVRE LIBRE PRESENTEMENT ET CREVER L'INSTANT D'APRES.
Voici un documentaire hors du commun que vous ne verrez jamais sur une chaine publique illustrant un personnage revendiquant un mouvement culturel et musical né en Angleterre au milieu des années 70, le Punk ! (A la base, ce mot présumé est un terme anglais signifiant "vaurien", "voyou").
Ce reportage hypnotique retrace donc la vie du chanteur punk hardcore GG Allin qui se réclame de l'indépendance anarchiste et la liberté d'expression dans une philosophie manichéenne et réactionnaire jusqu'au boutiste, aux confins de la démence.
Cet homme marginal, masochiste, ultra violent, alcoolique et héroïnomane, au bord de la folie mentale s'est rendu célèbre par son public punk d'activistes juvéniles conquis par son spectacle putride alloué à un florilège de provocations verbales et physiques comme le fait de déféquer en plein concert, s'en induire le visage et balancer sa merde au public transi ou affolé !
Durant ses concerts, GG Allin interprétait ses chansons entièrement nu (comme l'un de ses bassistes), se cognait parfois le micro contre les dents pour les fracasser, s'introduisait des objets ou de la nourriture dans son anus, proposait au public des fellations ou de se faire uriner dans la bouche d'une donzelle puis s'engageait régulièrement dans des bastons improvisés parmi ses fans (filles compris) ou les propres membres de son groupe en pleine représentation musicale.




Par ailleurs, à de nombreuses reprises, il a suggéré publiquement aux médias ses tentatives de suicide en notifiant la date ultime (ex: halloween 1989). Et quand on lui demandait pour quelle raison il ne respectait pas ses promesses, il répondait : Avec GG, tu n'obtiens pas ce que tu attends — tu obtiens ce que tu mérites.
Il rétorqua également que le suicide devait seulement être utilisé quand la personne concernée était au top, rencontrant l'au-delà au meilleur de soi même, et non au pire.
Il évoqua aussi des menaces de mort à autrui et déclara ouvertement en toute spontanéité ses tendances psychopathes de pulsions meurtrières. D'ailleurs, il rendra visite au célèbre serial-killer John Wayne Gacy ! (voir citation au début de mon article) pour disserter communément du sexe dans toute sa perversité malsaine.
Indubitablement, à cause de ses excès incessants, subversifs, immorales et incorrects (comme celle d'une visite impromptue dans une université américaine, s'attribuant à une exhibition sexuelle compromettant une "banane"), GG Allin n'échappera pas à certaines peines de prison (la plus longue date du 22 décembre 1989 au 26 mars 1991 après avoir été accusé du viol avec torture d'une femme à Ann Arbor dans le Michigan), comme son bassiste rendu coupable de s'être exhibé devant une fille mineure.
Mais Allin était capable par moment de  se présenter comme quelqu'un de rationnel et réfléchi dans ses propos spéculatifs dénonçant une société de consommation pernicieuse et perfide lobotomisant l'être humain. Alors que l'instant d'après il pouvait subitement changer de comportement et se montrer ultra violent (se claquer la tête contre les murs ou prendre une femme par les cheveux pour la frapper), ordurier et vulgairement provocateur (balancer une chaise sur des témoins ou se scarifier devant une foule fascinée).
Entre temps, sa renommée grandissante entraîna des apparitions télévisuelles sur Morton Downey, Jr., Geraldo, The Jerry Springer Show et un épisode mémorable de The Jane Whitney Show.




VOYAGE AU BOUT DE LA DECHEANCE.
Allin mourut d'une overdose d'héroïne le 28 juin 1993, dans l'appartement d'une amie à New York, situé 29 Avenue B, Manhattan. Il était âgé de 36 ans. Son dernier concert fut donné dans un petit club appelé The Gas Station à New York.

Voilà pour l'essentiel de ce reportage choc éludé de complaisance racoleuse, retraçant de manière intelligible et édifiante la vie du chanteur parmi des images d'archives et vidéos amateurs, avec l'intervention des membres de son groupe, ses fans indétrônables (ne ratez surtout pas le générique de fin avec un inconditionnel maso endurci !!!) et divers témoins familiers de sa courte existence.

Que dire d'un personnage aussi cynique, nihiliste, insalubre, abjecte, vomitif mais totalement libre de son existence et ses fantasmes destructeurs voués à la débauche, la défonce, l'auto-mutilation, l'exhibition, la violence gratuite et la provocation putassière.
L'envie de vivre tout simplement en étant autonome de toutes contraintes, tous préjugés, crachant sa haine sur la race humaine (il n'avait aucun ami et détestait son public de fans conquis) et vouant un hymne à la décrépitude, la décadence, la déliquescence, l'indignité, l'avilissement et la bassesse sur fond passionnel de musique rock punk !

En résulte un documentaire fascinant, expérimental, passionnant sur un personnage hors normes, corrompu dans le vice, la haine et la folie perverse. Peut-être un psychopathe lucide d'une vie méprisable et aliénante qui a su transcender ses peurs, ses doutes et sa timidité en embrassant sa vie avec sa propre merde et ses excréments !
GG Allin peut-être abordé comme le reflet indocile de nous même en quelque sorte, le miroir de notre inconscient tributaire de notre société totalitaire et dictatoriale, auquel nous sommes résolus à tourner indéfiniment autour du cadran solaire en attendant la mort fatidique rédemptrice.

Dédicace à Christophe Krust Masson.

10.02.11





Extraits de titres notoires:
  • "J'en ai tellement marre de vous que je commence à en avoir vraiment marre de moi" (Bored to Death)
  • "Je me fous de ce que tu dis, car je suis moi" (You'll Never Tame Me)
  • "Poupées sans tripes et décérébrées - qui a besoin de vous ?" (You Hate Me and I Hate You)
  • "Est-ce que tu penses que j'en ai vraiment quelque chose à faire ?" (No Rules)
  • "Je ne veux pas jouer dans aucun putain de groupe des années soixante" (Abuse Myself, I Want to Die)
  • "J'avais l'habitude de renifler les collants des filles, mais il n'y a rien de mieux qu'une fille s'asseyant sur ton nez" (Gimme Some Head)
  • "Si tu as un cancer, va mourir, putain ! / Si tu as le SIDA, répand le autour de toi et prend des vies" (Die When You Die)
  • "Frappe moi avec une putain de hache, je ne broncherais pas" (Abuse Me, I Want to Die)

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