lundi 28 février 2011

I SAW THE DEVIL (Akmareul boattda / j'ai rencontré le diable)

                      (avis subjectif d'un puriste amateur)

                    

de Kim Jee-Woon. 2010. Corée du Sud. 2H24. Avec Byung-hun Lee, Choi Min-sik, Min-sik Choi and Gook-hwan Jeon, Oh San-ha, Cheon Ho Jin.

BIOGRAPHIE: Kim Jee-woon est un réalisateur et scénariste sud-coréen né à Séoul le 6 juillet 1964.
D'abord intéressé par le théâtre, il commence sa carrière comme comédien et metteur en scène dans plusieurs pièces (Hot Sea et Movie Movie). En 1997, il remporte successivement le concours du meilleur scénario pour Wonderful Seasons et le prix du meilleur scénario du magazine de cinéma coréen Ciné 21 pour The Quiet Family. En 1998, il s'essaie au métier de réalisateur en portant à l'écran The Quiet Family. Il est depuis considéré comme l'un des symboles du nouveau cinéma sud-coréen.
  • 1998 : The Quiet Family 
  • 2000 : The Foul King 
  • 2003 : Deux Sœurs 
  • 2005 : A Bittersweet Life 
  • 2008 : Le Bon, la Brute et le Cinglé 
  • 2010 : I Saw the Devil
                    

VENGEANCE AVEUGLE.
"Que celui qui lutte avec des monstres veille à ce que cela ne le transforme pas en monstre"

Difficile d'avoir un avis clair et tranché après un tel étalage de violence nauséeuse qui n'évite pas l'outrance au risque parfois de converger à la lassitude et à l'écoeurement.

I saw the devil débute de plein gré comme un thriller à suspense très brutal à la manière de l'époustouflant The Chaser, sans fioriture et avec un sens précis de la crudité austère.
La mise en scène alerte et maitrisée nous offre dès l'introduction une jolie tension suspendue dans les méfaits commis par un serial-killer voué à la perversité et la douleur physique envers ces proies. De jeunes et jolies filles qu'il kidnappe pour les ramener dans son foyer et ainsi les torturer à sa guise sans être dérangé.
Puis la trame policière bifurque furtivement vers une longue chasse à l'homme improbable et incongrue quand un agent secret décide de venger la mort de sa fiancée après avoir retrouvé son corps coupé en morceaux, aux abords d'un terrain vague marécageux.

                    

Dès lors, l'homme rongé par la haine et la rancoeur sera obstiner à retrouver l'assassin présumé avec comme preuve à l'appui des photos de portrait de pervers sexuels et meurtriers hautement suspectés par ses services d'ordre.
Sa traque inlassable va rapidement l'amener dans la gueule du loup, quand au moment opportun, il décidera de laisser la vie sauve à son bourreau. Un revirement de conscience soudaine pour mieux piéger son assassin et lui faire subir inlassablement les pires souffrances physiques en guise de repentance ou d'un potentiel regain de remord.
Aidé d'un "mouchard" téléguidé qu'il aurait fait ingérer dans la bouche du criminel, le flic robuste aura l'opportunité d'entendre ses serments, connaitre ses moindres faits et gestes jusqu'au moment où les rôles vont subitement s'inverser...

Cette réflexion sur le pouvoir du Mal et sur le sens de la vengeance déroute au plus haut point et provoque la nausée tant cette confrontation grand guignolesque répétitive mais assez efficace tourne à la boucherie pure et simple.
Avec un gout amer de sang dans la bouche qu'on a du mal à se débarrasser sitôt le générique de fin écoulé au risque de ne pas sortir indemne.
En démontrant sans subtilité mais avec une certaine émotion parfois attendrie (dernière image poignante et humble dans sa prise de conscience) que la violence engendre la violence et que la quête de vengeance ne mène qu'à une perte identitaire jusqu'à y pervertir son âme, le métrage de Kim Jee-Woon ne pourra faire l'unanimité (d'où son échec commercial et critique en Corée du Sud signalisé d'une d'interdiction au moins de 18 ans) 
Et son degré de folie hautement contagieux dans sa narration livrée à la torture gratuite éprouve durement un spectateur décontenancé, perdu au beau milieu de ces deux protagonistes déconnectés de la raison dans un affrontement pathétique et saugrenu. Un duo martyr assoiffé de violence, uniquement déterminé au bout du compte à savoir qui sera le plus moralement affecté pour en sortir perdant.

                         

L'interprétation de notre duo de cinglés revanchards apporte une réelle densité et surtout un sens du délire commun dans les rapports de force impitoyables commis en leur (dé)faveur, jusqu'à ce qu'il n'en restera plus qu'un au moment fatalement tragique.
Byung-hun Lee dans le rôle irascible du flic obstiné se révèle rigide et glaçant dans sa démarche expéditive imparable.
Une révolte animale condamnée à fustiger son bourreau jusqu'au bout de ses supplices, quitte à y perdre son âme et les vies de ceux qu'il chérit encore de manière affectée.
Le serial-killer sadique est incarné par Choi Min-sik (Old Boy), proprement sidérant de froideur, terrifiant de bestialité dans son état d'esprit dépravé avili par le mal absolu. Un tueur grassouillet suintant la sueur et le sang séché de ses victimes souillées. Un monstre déshumanisé voué à la bassesse et l'immondice dans son immoralité pervertie.

SENTENCE DU MAL.
Parce que le Mal ne connait ni la peur et la douleur, I Saw the Devil souhaite démontrer que le combat pour une vengeance bestiale vilipende et annihile celui qui s'y résout. Que ce besoin humain d'extérioriser sa haine vindicative par la violence gratuite est une labeur perdue d'avance à tenter d'avilir et anéantir l'esprit putassier de la monstruosité.
Avec un fort accent prononcé pour le gout de la violence graphique, extrêmement brutale et nauséabonde, ce thriller fracassant habité par la folie de la violence nuisible déroute autant qu'il fascine, effraie et inquiète durablement le spectateur perplexe sur l'utilité d'une telle boucherie pour dénoncer que la vengeance n'apporte aucune solution à l'apaisement de sa rancune affective.
Superbement interprété et mis en scène avec vigueur et efficacité, I saw the devil ne pourra faire l'unanimité et divisera autant les conquis pour son rythme endiablé, sa folie paroxystique livrée dans une texture baroque que les indécis pour son côté répétitif, le manque de profondeur du thème évoqué et la teneur malsaine d'un sujet aussi scabreux se vautrant finalement dans l'outrance et la surenchère.
Il sera en tous cas difficile d'oublier un métrage malade aussi rageur, ravagé et malsain dans le regard dérangé de deux êtres stigmatisés, épuisés par la soif de violence, condamnés par le Mal.

Dédicace à Christophe de la Gorgone.

07.12.10.

                     

Interview de Lee Byung Hun avec 10Asia
Le 19 Août dernier, l’acteur Lee Byung Hyun accordait une interview à 10Asiae. De l’échec de son dernier film(comparé aux nombreux succès qu’il a connu),  il se livre sans détour et en toute franchise.
 I Saw The Devil”,  film le plus récent de Lee Byung Hun, n’est pas le film de l’année. Cependant, il est certain qu’il est celui qui a suscité le plus de controverse. Kim Ji Woon a mêle son humour particulier à des scènes très violentes tout au long du film qui a reçu des critiques très mitigées de la part de l’industrie cinématographique coréenne. Vu sous cet angle, on pourrait se demander pourquoi Lee Byung Hun a accepté de participer à ce projet. Pourquoi, Lee, qui a fait des débuts très remarqués à Hollywood, a-t-il fait ce choix risqué sur le plan commercial ?

Que pensez-vous de “I Saw The Devil?” Il paraît que le résultat final vous a choqué pendant la projection.
Lee Byung Hun (Lee): Que j’ai été choqué, ce n’est pas le problème. (rires) Mais c’est vrai que j’ai eu l’impression que c’était différent de la première impression que je m’étais faite à la lecture du scénario parce que le film ne reflète pas toute la cruauté et la violence. J’ai pensé que ce projet était différent des films qui se font généralement sur le thème de la vengeance et j’en ai senti toute la force rien qu’en lisant le scénario. Et puis pendant le tournage, je me suis dit « ça va vraiment être hardcore ». Après la première projection, j’étais un peu inquiet parce que j’ai commencé à me demander comment les gens allaient réagir face au film et je me suis souvenu de l’atmosphère très sombre et très sérieuse qui régnait sur le tournage. Après la projection, je me suis retrouvé dans la salle d’attente avec Choi Min Sik(acteur) et M. Kim, le réalisateur et nous n’avons pas échangé un mot. Choi Min Sik m’a quand même dit une chose : « Hé, t’as du feu ? » (rires)

3 commentaires:

  1. film enorme,sanglant,limite porno...ca sent le torture porn,mais c est a 1000lieues de ca!
    le face a face est fascinant,un monstre contre un autre monstre...

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  2. UNE BAFFE TOTALE!!! Ta critique est énorme,je m'attendais pas à ça du tout!!!

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