lundi 28 février 2011

A.I (Inteligence Artificielle)

                                  

de Steven Spielberg. 2001. U.S.A. 2H26. Avec Haley Joel Osment, Frances O'Connor, Sam Robards, Jake Thomas, Jude Law, William Hurt, Ken Leung, Clark Gregg, Kevin Sussman, Tom Gallop, Eugene Osment...

Date de Sortie:  France. 24 octobre 2001   U.S.A. 29 juin 2001

FILMOGRAPHIE: Steven Allan Spielberg, Chevalier de l'Ordre national de la Légion d'honneur est un réalisateur, producteur, scénariste, producteur exécutif, producteur délégué et créateur américain, né le 18 décembre 1946 à Cincinnati (Ohio, États-Unis).
1971: Duel , 1974: Sugarland Express, 1975: Les Dents de la mer, 1977: Rencontres du troisième type, 1979: 19411981: les Aventuriers de l'Arche Perdue, 1982: E.T. l'extra-terrestre , 1983: La Quatrième Dimension (2è épisode), 1984: Indiana Jones et le Temple maudit, 1985: La Couleur pourpre, 1987: Empire du soleil, 1989: Indiana Jones et la Dernière Croisade, Always,  1991: Hook, 1993: Jurassic Park, La Liste de Schindler, 1997: Le Monde Perdu, Amistad, 1998: Il faut sauver le soldat Ryan Saving Private Ryan, 2001: A.I., 2002: Minority Report,  Arrête-moi si tu peux, 2004: Le Terminal , 2005: La Guerre des Mondes, 2006: Munich, 2008: Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal, 2011: Les Aventures de Tintin, cheval de guerre. 

                

2001, L'ODYSSEE DE LA VIE.
Trois ans après son inoubliable expérience sensorielle sur les horreurs de la seconde guerre mondiale octroyées à l'introspection viscérale des combattants au front du débarquement de Normandie dans Il faut sauver le soldat Ryan, Steven Spielberg revient en 2001 à la science-fiction intimiste inscrite dans la pudeur. Un délicat et émouvant conte de fée moderne sur la nature fragile de l'existence et la quête éternelle de l'amour, tributaire de notre condition de vie terrestre.

Au milieu du 21è siècle, la quasi totalité de la terre a été inondée par la fonte des calottes glaciaires dû à l'effet de serre.
La civilisation est obligée de vivre dans des villes flottantes et ne doit enfanter qu'un seul enfant par foyer, sauf si les individus désirent adopter un androïde en guise de second rejeton.
Après maintes expérimentations scientifiques sur la technologie mécatronique, un savant ambitieux a réussi à créer un nouveau prototype d'androïde ayant la faculté d'acquérir des sentiments humains !
Monica et Henry Swinton qui viennent de perdre leur fille (avant d'être cryogénisée) décident d'adopter ce nouveau modèle robotique aussi vrai que nature qu'un enfant structuré de chair et d'os.
Ce garçon nommé David désire plus que tout au monde éprouver de l'amour pour ses nouveaux parents et trouver une raison équitable à donner un sens à sa nouvelle vie. Mais à la suite d'incidents majeurs tendancieux, les parents adoptifs décident de se débarrasser de David.

                   

Sous-estimé à sa sortie, voir conspué par une majorité de la critique bien pensante, A.I est un bouleversant drame humaniste d'une sensibilité clairsemée, véritable hymne à l'existence terrestre par le biais d'un androïde chétif capable d'éprouver des émotions humaines.
A travers l'exploration futuriste d'un nouveau monde déprécié de civilité par une population illégitime dans sa moralité présomptueuse, Steven Spielberg nous narre le parcours flexible de David, nouvel automate technologique voué à apprivoiser la magie de la vie terrestre dans ses émotions décuplées par le pouvoir de l'amour maternel.
Adopté par une famille d'un statut social aisé pour être ensuite lâchement dénigré et furtivement abandonné dans la nature par la cause illégitime d'accidents répétés ayant involontairement mis en danger la vie de leur propre fils bonimenteur, David va découvrir de manière craintive un monde hostile dérangé par la peur d'une technologie en constante mutation, davantage expansive et révolutionnaire.
En compagnie d'un androïde livré racolage sexuel (superbement incarné par Jude Law) et d'un ours en peluche doué de vie artificielle (nombre de scènes révélant sa présence ludique mettent en émoi le spectateur désorienté et troublé !), le jeune garçon va tenter de survivre dans un monde obscur qu'il ne connait pas et délibérément reconquérir l'absence d'une mère déchue de son rôle pédagogique et protecteur.

                  

Le jeune surdoué Haley Joel Osment était inné pour interpréter le rôle majeur de cet androïde néophyte débarquant sur terre avec stupeur, tel un extra-terrestre égaré au milieu d'une civilisation xénophobe et orgueilleuse. Des êtres humains égoïstes et lâches de leur intolérance à approuver, accepter la cohabitation de ces robots ludiques hébétés, tributaires de leur défaillance technique et leur condition d'esclave soumis quand ils sont rejetés par la société. Des humanoïdes manipulés contre leur gré par notre ambition condescendante à s'octroyer le droit de les subtiliser dans des nouveaux jeux de cirque primaires mais des êtres angoissés, préoccupés et inquiets car humanisés par leur conscience frivolement révoltée quand ils se voient contraints au sacrifice face à une population dévergondée, avide de spectacle barbare.
A travers l'expression de son intense regard illuminé par l'intensité de ces yeux bleus, Haley Joel Osment dégage beaucoup d'empathie, d'émotion fébrile véhiculée par sa quête suprême de bienséance et d'amour auprès d'une mère qui l'a lâchement abandonné. Dès lors, son destin est de retrouver coûte que coûte la sagesse enchanteresse d'une fée bleue. Un personnage fictif qu'il aura lu avec contemplation à travers le célèbre conte Pinocchio qui voyait la transformation exaucée d'un pantin de bois en véritable enfant de chair et de sang. David, obsédé à l'idée que cette histoire pourrait également lui accorder cette faveur s'acharne à retrouver sa mère pour qu'elle puisse enfin lui accorder sa reconnaissance et son affection cathartique. 

                

Le final mélancolique qui voit le petit David embarquer dans un engin volant substitué pour rejoindre la ville engloutie de Manhattan se révèle l'un des moments les plus intenses et émouvants dans sa quête désespérée de retrouver la fée prodige salvatrice afin d'accomplir son rêve de toujours.
Mais il aura fallu attendre 2000 ans d'un monde inerte devenu sinistré pour que l'enfant artificiel acquiert son voeux exaucé le temps d'une mémorable journée romantique en compagnie de sa mère chérissant.
ATTENTION SPOILER !!!
La dernière séquence qui voit le garçonnet amoureux s'assoupir dans un lit pour l'éternité aux côtés de sa maman inerte se révèle déchirant de poésie ingénue. Alors qu'assis au bord du lit, un ours en peluche robotisé qui aura permis de telles retrouvailles inespérées observe docilement l'amour fusionné de ces deux êtres renoués dans les cimes de l'au-dela. FIN DU SPOILER.

L'ENFANT MIROIR.
Soutenu par l'affinée partition musicale de John Williams orchestrée toute en discrétion et de l'incroyable prestance instinctive de Haley Joel Osment, A.I est un magnifique poème désenchanté, profondément trouble et vulnérable dans son acuité de sensibilité dédiée à la faculté des sentiments. Un florilège d'émotions humanisées déversées dans une valeur désillusionnée pour ce monde définitivement corrompu à l'intolérance.
Désenchanté, inquiétant, voir pessimiste parce que notre terre est résolue à l'apocalypse ATTENTION SPOILER !!! (tandis que l'enfant réconforté de sa présence maternelle meurt pour rejoindre parmi elle ses rêves escomptés) FIN DU SPOILER, A.I bouleverse, intrigue et nous questionne sur notre rapport au phénomène miraculeux de notre existence subjective liée aux cinq sens accordés.
En effleurant l'idée récurrente du thème scientifique que la technologie futuriste pourrait un jour nous asservir et dominer, A.I dépeint avant tout l'histoire d'un enfant inculte esseulé, désorienté de sa situation précaire mais curieux et ébloui par la magie de la réalité existentielle, totalement voué à enlacer l'amour éperdu de sa mère fuyante.
A.I serait alors simplement un immense cri de douleur pour l'enfance martyrisée de son absence parentale.

Dédicace à Alexandre Poncet.

27.02.11. 2

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