dimanche 27 février 2011

BLANCHE NEIGE, LE PRINCE NOIR ET LES 7 NAINS (I Sette Nani Alla Riscossa)

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site arcadesdirect.fr

de Paolo William Tamburella. 1951. Italie. 1h28. Avec Rossana Podestà, Roberto Risco, Georges Marchal, Mario Mastrantonio, Salvatore Furnari, Francesco Gatto, Ulisse Lorenzelli, Giovanni Solinas, Arturo Tosi, Domenico Tosi, Ave Ninchi.

FILMOGRAPHIE: Paolo William Tamburella est un réalisateur, scénariste et producteur Italien. Il n'aurait tourné que 3 longs-métrages avant de mourir prématurément. 1946 Sciuscia (Producteur). 1950 Vogliamoci bene ! (réalisateur, scénariste et producteur). 1950 Sambo (réalisateur et scénariste). 1951 Blanche neige, le prince noir et les 7 nains (producteur, scénariste et réalisateur).

Les 7 nains se déchaînent ! 
En bonne et due forme, l'éditeur Artus films nous a déterré de l'oubli une curiosité transalpine totalement méconnue du public et des critiques, un conte de fée sorti de nulle part remis au goût du jour à travers le célèbre personnage de Blanche Neige. Une mixture incongrue d'aventures, de féérie, de science-fiction et de cape et d'épée ! Faut-il le voir pour le croire ? Alors que le prince aimant doit partir au front rejoindre sa troupe prise en embuscade, Blanche Neige se fait enlever par le sinistre Prince Noir. Au même moment, au fin fond d'une forêt, 7 nains endormis dans leur chaumière apprennent cette mauvaise nouvelle par la prescience d'un rêve commun. Dès lors, ils décident de partir à sa recherche pour une aventure semée d'embûches et d'imprudences.

Découvrir pour la première fois Blanche Neige, le prince noir et les 7 nains plus de soixante ans après sa sortie s'avère une curiosité insensée dont seuls les italiens ont le secret. A travers un pitch décousu et prémâché (sept nains complètement crétins partis à la recherche de Blanche Neige, prise au piège entre les griffes du méchant prince noir) Paolo William Tamburella en extirpe un ovni pétulant. Le plaisir coupable que l'on éprouve durant cette folle aventure résidant dans les agissements tous plus saugrenus et farfelus de nos fameux nains, persuadés d'épater la galerie avec une bonne foi incommensurable. A travers des situations improbables dénuées de raison, ces sept petits personnages téméraires vont accumuler les pires pitreries pour amuser et faire rire son public prioritairement acquis pour les enfants. Il faut le voir pour le croire car certaines scènes digne d'un Mattei des Rats de Manhattan (souvenez vous, la noiraude enfarinée qui s'exclamait à vive voix: chui toute blanche euh !!! chui dev'nue toute blanche euh !!!!!) sont d'une idiotie si déconcertante qu'elle provoque finalement l'attachement, l'amusement, voir le rire involontaire chez les invétérés du Bis pour rire. A titre d'exemple, la séquence illustrant nos valeureux nains délibérés à emprisonner deux individus de grande taille (sortis d'un âge préhistorique !) avec l'aide d'une simple ficelle provoque un fou-rire incontrôlé ! A travers un jeu improvisé, ils vont tenter de convaincre les hommes des cavernes qu'ils s'amusent de bon coeur avec leur bout de cordelette pour les entremêler du creux de leurs mains. Un casse-tête chinois sans queue ni tête auquel nos deux abrutis des cavernes vont eux aussi daigner y participer pour pouvoir délayer les mains des nabots. Alors qu'au terme, le duo se retrouvera enlacé et emprisonné par la mince cordelette tendue autour de leur corps par nos p'tits compagnons rusés.

Paradoxalement, à certains passages du récit, la mise en scène subitement plus inspirée nous fignole une séquence féérique particulièrement réussie et réellement fantasque auquel le spectateur éprouve un vrai sentiment d'évasion. En effet, nos sept nains partis à la recherche de Blanche Neige décident de faire une pause pour s'endormir sur la verdure apaisante d'une forêt enchantée. Tandis qu'à peine endormis, ils vont subitement être aspirés sous terre et se retrouver dans un monde englouti où de charmantes sirènes sensuelles vont les accueillir avec empathie ! Avec des effets cheaps futiles mais efficaces, les décors fantasmagoriques vont tirer admirablement leur épingle du jeu pour nous adhérer à cette scénographie aquatique grâce à sa mise en scène assidue et inventive. La suite se condense à un chassé croisé entre nos héros attardés et des méchants guerriers réunis dans la tour d'un château aux pouvoirs surnaturels. Puisque à la fin, on apprendra que les pouvoirs du prince noir sont régis par un mécanisme futuriste digne d'un laboratoire dantesque hérité de Frankenstein et Metropolis réunis ! Oui vous avez bien lu ! On notera aussi le décor réussi et baroque de l'entrée du château à travers son architecture exubérante pour laisser place à un monument horrifique symbolisant un terrifiant monstre volatile.

Fourre tout dégingandé mais assumé et réalisé avec une sincérité indéfectible, Blanche Neige, le prince noir et les 7 nains est une bisserie saugrenue unique en son genre chez les férus de bisserie Z. Son alliage cocasse d'aventures, de féérie et de science-fiction, et surtout l'abattage de nos valeureux nains engendrent un spectacle familial à la fois plaisant et oh combien extravagant. Sans oublier le charme docile de la discrète mais courtoise Blanche Neige, amoureuse comme il se doit de son prince vaillant. Pour les spectateurs non cinéphages, réfractaires au charme du nanar puéril, ils seront sans doute atterrés d'avoir assisté à un spectacle aussi risible, d'autant plus infidèle pour célébrer le conte homonyme des frères Grimm.

25 . 12 . 10 .
Bruno Matéï

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire